Installation vidéo pour l'exposition Précipité
Centre d'Art Mains D'oeuvres, Saint Ouen, 14 mars-11 avril 2021
Ensemble de vidéos de durées variables, format HD, musique improvisée par Richard Bonnet
Ce projet a été mené dans le cadre de mon Master de recherche à l'Université Paris 8. Tout en explorant théoriquement le lien entre frontière géopolitique et représentation du sacré en art contemporain, ma pratique s'est peu à peu déplacée vers la notion de frontière intime et interpersonnelle.
J'ai ainsi commencé à filmer dans la rue, à la manière d'un street photographer, des situations et des scènes saisies au hasard de mes flâneries. En ralentissant ensuite ces films, j'ai été fasciné par l'attention absolue à l'autre que cela générait, par cet entre-deux photographie / vidéo, et par la solennité et l'importance sacralisée que prenait chaque geste.
Ainsi m'apparaissait, de façon presque magique, que le moindre geste dans la sphère publique est significatif. Pour désigner cette intentionnalité inconsciente, sous-jacente aux interactions dans l'espace urbain, Irving Goffman, sociologue de la "nouvelle communication" dans les années 1960, utilisait l’expression « Nothing never happens » : "rien" n'arrive jamais. Il considérait en outre que la place de l'individu dans la rue impliquait de fait une stratégie, plus ou moins volontaire, de représentation de soi d'ordre théâtrale.
Tout en exploitant ce que l'appareillage technologique pouvait m'apprendre des autres et de ma place d'auteur-voyeur, j'étais à la recherche d'une position vis à vis du réel qui déstabilise ma notion même d'auteur, et qui laisse entièrement sa place à l'autre dans l'acte de création. 

J’ai compris que le seul bonheur ici-bas était d’observer, d’épier, de guetter, de scruter son propre personnage et celui des autres, de n’être rien qu’un regard, qu’un œil immense, légèrement vitreux, quelque peu injecté de sang et qui ne cille jamais. 
Vladimir Nabokov, Le guetteur, 1930
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